Chapitre IX
Chapitre IX : Red & Black
Doucement… Flottant… Comme dans un liquide… Ou comme si je volais… Quelle étrange sensation. Je n’avais jamais ressenti une telle chose. Si ça pouvait durer, ce serait tellement bien. Comment dire… Il n’y avait pas plus agréable. Cependant, et sans m’en rendre compte, je sentis mon corps devenir plus lourd, avec plus de difficulté à bouger. Ma respiration, jusqu’ici lente, s’accélérait un peu, et un voile noir m’enveloppa doucement, jusqu’à entendre un mot :
-…ich…
Quoi ? Cette voix… Elle me disait quelque chose. Mais quoi ? Qui était-ce déjà ? Je le compris en entendant une deuxième fois, le mot plus complet :
-…Dietrich…
Andréas. Oui, j’aurai pu la reconnaître entre mille. Elle m’appelait, et, doucement, mes paupières, jusqu’ici si lourdes, oscillèrent un peu, avant de s’ouvrir doucement, se refermant de temps en temps pour protéger mes yeux de la pluie et du peu de lumière. Mais elle était bien là, juste au-dessus de moi, les yeux mouillés et ses cheveux noirs mêlés de mèches blanches retombant sur mon visage. Elle était vraiment très belle, mais je n’avais pas envie de la voir comme ça. Alors que je tentais de tendre la main vers son visage pour le caresser, je me rendis alors compte que mon bras ne m’obéissait pas, restant au sol. Il me fallut quelques instants de réflexion avant de me souvenir de tout. Le type masqué, le poison, le combat, et… Je devrai être mort non ? Avant même que je ne puisse poser ma question, Andréas me serra contre elle avec force, m’étouffant presque alors qu’elle versait des larmes :
- J’ai… J’ai eu tellement peur ! Oh, Dietrich !
Ah, vu la sensation d’avoir ma colonne vertébrale brisée, je devais très certainement être en vie. En même temps, si j’avais été au Paradis, je n’aurai pas vu ma petite amie pleurer… A moins que je ne sois expédié en enfer à ma mort ? Voyant que je ne disais rien, Andréas s’empressa de me relâcher pour me regarder en face. Ce fut à ce moment que je pus réussir à aligner quelques mots pour former ma question :
- Qu… Qu’est-ce qui s’est passé ?
Parce que bon, l’homme avait disparu, alors si j’étais encore en vie, c’était bien parce que j’avais eu droit à un antidote… Non ? Puis, brusquement, je sentis quelque chose me lancer au niveau du cou. Deux trous bien distincts, avec du sang qui coulait :
- Je suis… Je voulais aspirer le poison en le buvant !
Hein ? Etait-ce bien vrai ? Elle avait fait ça pour moi ? Elle qui ne voulait absolument pas y toucher tellement il était infect ? Cependant, elle brisa bien vite mes illusions :
- Mais je n’ai fais que planter mes crocs avant de les retirer. Le poison avait déjà infecté tout ton corps, j’aurai pu te vider de ton sang si j’avais voulu en boire la totalité.
- Dans ce cas, comment se fait-il que je ne sois pas au ciel ?
- C’est ça.
Elle tendit vers moi une petite fiole vide, où il restait juste quelques gouttes orange à l’intérieur, de la même couleur que l’antidote que l’autre type avait avant de s’enfuir :
- Mais… C’est l’antidote ?!
- Oui.
- Comment l’as-tu eu ?
Après tout, comme je l’ai si bien dit, il avait fuit… Alors comment ?
- Pendant que tu étais évanoui, une femme est venue. Elle était masquée elle aussi, alors elle j’ai eu peur qu’elle ne soit venue finir le travail, mais elle n’a fait que me tendre la fiole, en me disant qu’elle était l’antidote. J’aurai du me méfier, mais j’ai eu tellement peur de te perdre que j’ai préféré te le faire boire.
Une femme ? Et masquée en plus ? Décidément, c’était vraiment une période de carnaval ! Mais bon, au moins m’en étais-je sortie, et en vie. Par contre, chaque mouvement que j’entamais m’étais extrêmement difficile, et plutôt douloureux, et ma chérie s’en rendit vite compte, ce pourquoi elle fit quelque chose de plutôt embarrassant. En effet, elle fit glisser ses deux bras sous mon corps, tout en se relevant, me portant comme une princesse… Ou un prince ? Pitié !
- Ola ! Andréas ! C’est pas mon rôle ça !
- C’est ça, en attendant, tu es inutile et infirme pour l’instant, alors tu te tais et tu te laisse faire.
- Mais tu es blessée toi aussi.
- Oui, mais moi au moins, je tiens debout, et j’ai assez de force pour te porter. Toi, tu n’es musclé qu’aux jambes, oublie vite l’idée de me porter de cette façon.
Ce qu’elle pouvait être blessante par moment. Je croisais juste les doigts pour que l’on ne croise personne de la classe, ou je risquai de ne plus jamais sortir de ma chambre. Heureusement, personne ne croisa notre route, et Andréas pu réussir à ouvrir la porte de ma chambre, avant de la refermer et me faire asseoir :
- Tu es trempé. Je pense qu’il vaudrait mieux que tu te mettes en pyjama, je vais changer tes draps.
Là aussi, c’était très gênant. J’arrivais à peine à bouger, alors c’était encore pire pour atteindre la salle de bain. Mais pas question de l’avouer. Depuis le début, depuis que vous êtes avec moi, vous avez du pensé que je suis une femmelette complètement dominé par sa petite amie, eh bah c’est pas vrai ! Je n’avais vraiment pas envie que ma copine devienne mon infir… Infirmière ? Ouuuh, tout compte fait, je crois bien que…
- Andréas…
Je parlai avec une voix complètement affaiblie, pour mieux l’attirer et lui faire comprendre mon incapacité à m’enlever ma chemise. Tout en soupirant, elle se retourna vers moi et s’avança pour me déposer à nouveau sur le lit, me déboutonnant la chemise tout doucement. Malgré le fait que je sois trempé… J’avais chaud. Bref, vous me comprenez hein ? J’hésitais un peu à la laisser m’ôter le pantalon, étant donné la présence d’un léger problème masculin. Puis, comme si j’avais menti en prétendant n’avoir aucune force, je lui pris le bras pour l’attirer vers moi, tout en l’embrassant passionnément. Aha ! Vous voyez bien, je peux moi aussi être très cool ! Et pour une fois, elle ne me baffa pas, préférant décoller ses lèvres, avant de… Rougir ? Décidément, ce voyage à Paris se présentait vraiment bien. Dire qu’à l’origine j’avais voulu monter tout plein de plans pour l’empêcher de sucer le sang des autres, et qu’en à peine une journée… Ben j’avais rien fait. Mais, comme si je ne me contrôlais plus, mes mains, ignorant la douleur, se dirigèrent vers son chemisier que je commençais à défaire, tout en l’embrassant doucement dans le cou. Et elle ne me repoussa pas, bien que je la sente frissonner. Moi-même, j’avais l’impression que mon cœur battait tellement fort qu’il pourrait sortir dans la minute. Mais rien ne pouvait arrêter mes gestes, et bien qu’à présent, je me retrouvais allongé, avec elle sur moi, l’une de mes main se mit à descendre pendant que l’autre lui caressait le dos. Elle en profita pour venir m’embrasser doucement, tout doucement :
- Hum.
Alors que nous sursautions à l’idée de savoir que quelqu’un d’autre nous observait, Klaus nous regardait, au niveau de la porte, la main devant la bouche, montrant bien qu’il était la source de ce toussotement que nous avions entendu. Comme parcouru d’un frisson électrique, je vis Andréas se dégager et remettre son chemisier, puis partir rapidement, ne lâchant qu’un :
- Peux-tu l’aider ? Il se sent mal ?
Elle disparu aussitôt après avoir adressé ces mots à Klaus. Bien, en plus d’être grand, tu venais de gâcher un moment des plus sympathiques dans tous les sens du terme. Décidément, tu restais un vrai boulet, et dans tous les sens là aussi ! Comme s’il me restait encore quelques forces, je préférai me changer moi-même, avant de me mettre dans mon lit, sous le regard de mon camarade de chambre. Seulement, il n’avait l’air nullement gêné, au contraire, comme s’il avait juste assisté à une discussion banale entre lycéen. En fait, son air tellement blasé m’énervait à un point que je ne pu m’empêcher de lui adresser la parole :
- Tu aurais pu frapper !
- Je ne pensais pas que vous étiez ici.
- Tu nous croyais où ?
- A l’infirmerie, après tout, ta chérie a fait un malaise non ?
Heh ? Pourquoi avais-je la curieuse impression qu’il était ironique lorsqu’il parlait d’Andréas ? Le doute que j’avais eu dans l’avion me revint en mémoire, et ne tint plus à l’idée de lui demander :
- Klaus, tu aimes Andréas ?
Alors qu’il se retournait vivement, je vis une lueur étonnée dans ses yeux.
M’étais-je trompé ?
- Non, je ne suis pas amoureux d’elle. D’ailleurs, pour être franc, je ne l’aime pas.
- Hein ? Pourquoi ?
D’un côté, j’étais rassuré de savoir qu’il n’était pas «in love » d’elle, comme disent les anglais, mais bon, ça ne me plaisait pas non plus qu’il déteste ma copine :
- Elle m’a volé quelque chose que j’aime beaucoup.
- Ah ? Et c’est quoi ? Je peux peut-être aller voir si elle veut bien te le rendre.
- Tu tiens vraiment à le savoir ?
Puis, brusquement, sans que je puisse même m’en rendre compte, il était en face de moi, me poussant d’un coup pour que je me retrouve allongé sur le lit, tandis qu’il était penché vers moi :
- Elle m’a volé quelque chose auquel je tenais énormément, et maintenant, il m’est impossible de le récupérer. Mais toi, tu ne peux pas comprendre.
Puis, tandis qu’il se relevait, il ne fit que tourner les talons :
- Je vais diner. Je suppose que ta copine t’amènera son repas.
Puis il disparu à travers la porte. De quoi pouvait-il bien parlé ? Curieux, je préférai me relever, ignorant la douleur. Je sais, c’est nul de fouiller dans les affaires des autres, mais là, je ne pouvais pas me contrôler. Alors que j’ouvrai tous les tiroirs de la commode, quelque chose de brillant attira mon attention, celui-ci se trouvant caché parmi les vêtements. En le prenant dans mon main, je m’aperçu qu’il s’agissait d’un petit pendentif, et, tout en le tripotant, je déclenchai sans le faire exprès un petit dispositif, qui l’ouvrit. Un peu comme dans les films. A l’intérieur, il y avait une photo d’une jeune femme, incroyablement belle. Enfin, ce collier avait l’air de lui être précieux, mais ce ne devait pas être ça qu’elle lui avait volé… Alors quoi ?
- Dietrich ?
Me retournant brusquement, je vis Andréas, sur le bas de la porte, tout en tenant un petit plateau-repas :
- Tu as faim ? Je t’ai ramené à manger.
Ah, Klaus avait eu raison, et puis, j’étais bien content d’avoir une petite amie qui pensait réellement à moi. Tout en m’installant confortablement sur le lit, elle s’avança pour s’asseoir près de moi et me servir mon dîner. Mais je dois avouer que j’avais la tête à autre chose :
- Andréas… Tu sais… Pour tout à l’heure ?
Celle-ci se mit à rougir, puis reposa la fourchette qu’elle avait prise pour essayer de me servir :
- Dietrich, je crois que c’est un peu tôt. Nous ne sommes même pas du même monde, et en plus… Est-ce que tu aurais pensé à la protection si Klaus ne nous avais pas interrompu ?
Ah, elle touchait un point sensible. En tout mâle qui se respecte, j’avais bien évidemment mon atout majeur dans mon porte-feuille, mais y aurai-je pensé ?
- Nous verrons cela plus tard, d’accord ? En attendant, je suis là pour m’occuper de toi. Fais « ah ».
Tandis que j’avalais la bouchée qu’elle me donnait, je ne pu m’empêcher d’être déçu à l’idée d’avoir raté mon coup. Mais bon, la prochaine fois, au moins je n’oublierai pas ! Je ne cessai de me le répéter, ayant complètement oublié le médaillon dans la poche de mon pyjama.